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Dany Carat JazzLand

danycarat jazzland du jazz mais pas que ! Base de données + de 1000 liens ! Talents d'aujourd'hui & d'hier, formations, salons, chansons hommages & Cie ... mes reprises & des voies du bien-être.

Interviews, billets

Interviews, billets 
Interview de Guy Marchand -  Jazz Hot N° 457 p. 16 - Nov. 1988

*~*~*~
« L’écriture de musiques de films »
expliquée par Monsieur
Claude Bolling  : Pianiste, auteur, compositeur Chef d'Orchestre :

 

DC Vous êtes un créateur au sens plein du terme, du jazz au classique via la comédie musicale, comme en témoignent vos musiques de films. Comment écrivez-vous une musique de film ?

CB Il faut distinguer 2 éléments : la technique et l’inspiration. Techniquement, je m’amuse à dire qu’il y a deux méthodes : le ballet ou le cirque. C’est le ballet lorsque les images sont montées sur la musique et s’adaptent au rythme, comme le font des danseurs de ballet. C’est le cirque lorsque la musique se conforme à un rythme de montage préexistant, de même qu’un orchestre de cirque suit les pas des chevaux, pour donner l’impression aux spectateurs que les animaux parlent en rythme.

Pour le dessin animé, comme ceux que j’ai fait avec René Goscinny, les musiques étaient prêtes avant. Animation et montage furent construits sur le tempo musical, plan par plan. Cela se fait également pour un film. Certains réalisateurs aiment monter leurs images sur la musique. C’est le cas de Jean-Christophe Averty qui sait toujours à l’avance, précisément ce qu’il veut et connaît suffisamment la musique pour cela. Fellini, lui expliquait son film, racontait les différentes scènes à Nino Rota, qui composait en tenant compte des indications du metteur en scène, tant pour le style, que pour le tempo ou la longueur. Puis, Fellini montait ses images sur les musiques.

 

DC Et l’inspiration ?

CB Elle est libre ou dirigée. Cela dépend des réalisateurs qui sont de deux catégories principales :
1. Ceux qui ont des idées et des références très arrêtées, 2. Ceux qui vous donnent carte blanche.

Les premiers imposent des contraintes qui peuvent devenir des incitations à la création. Le film vous met en situation de créer des choses auxquelles vous n’auriez pas pensé. Vous êtes obligé de chercher hors de votre itinéraire habituel, hors de vos sentiers. Vous explorez et développez votre art. Vous vous dépassez.

 

DC Avez-vous des moments ou des lieux privilégiés pour l’inspiration ?

CB Il m’arrive d’écrire dans le tohu-bohu le plus total, mais il faut reconnaître que c’est quand même chez moi ou dans des endroits plutôt bucoliques, que je me sens le mieux. La création est plus aisée dans le calme et la verdure, la nuit sans téléphone et sans interruption, que … en plein jour, au milieu d’une répétition ou dans le métro … rires...

 

DC Votre musique invite à danser …

CB Jazz et danse furent indissociables jusqu’à l’avènement du be-bop. Moment où les musiciens ont décidé qu’ils ne voulaient plus que leur musique s’appelle jazz – C’est eux qui le disent – Et où ils ne voulaient plus qu’elle soit dansable. Depuis la création jusqu’au be-bop, c’est cette époque, cette période du jazz qui m’émeut le plus.

 

C’est pourquoi le jazz que je fais est très souvent dansant.

 

DC Et si l’on mange en vous écoutant ?

CB Du temps de Lulli, de Mozart, de Bach, j’ai ouï dire que c’était ainsi. A l’époque des grands opéras du Bel Canto on dînait dans les loges, on ne se taisait que pour « Le Grand Air ». Le reste du temps, le bruit était tel qu’on ne s’entendait plus. Lorsque les gens dînent en m’écoutant, ils ont choisi de nous entendre ; c’est l’évidence ! Ils sont heureux, moi aussi. Confirmation en est donnée avec le disque live enregistré au Méridien. L’ambiance y est formidable.

 

DC Quels conseils donneriez-vous aux jeunes musiciens ?

CB Oh là là ! Grave question. Chaque cas est différent. J’ai été formé à l’école de la vie. Oui, j’ai eu de très bons professeurs privés, mais le seul jury a été, à mes débuts, le public des cabarets, des music-halls, des dancings. De nos jours, ces lieux intermédiaires entre l’école et la salle de concert ont disparu.  La musique de synthèse remplace de plus en plus le musicien dans le domaine de la variété. Or, aux Etats-Unis, exception faite des grandes vedettes, les musiciens ne vivent pas du jazz. Ils vivent de la musique dans son ensemble. Pour construire une vie de musicien il faut pouvoir faire de la variété, du classique, du studio pour accompagner les chanteurs, participer à des musiques de film. Mais ce n’est pas toujours du jazz. Il faut donc apprendre le métier théoriquement, dans une école qui propose des ateliers, avec des répétitions et un travail régulier et constant. Les écoles, les conservatoires, ont des subventions afin de pouvoir offrir cette ouverture à ceux qui le désirent. Manque à tout cela la confrontation répétée avec le public.                                                  

 

Je peux donner un conseil universel et général : c’est de tours faire de la musique de qualité. Il ne faut pas pour autant sombrer dans l’ésotérisme et dans l’art de chapelle. On ne crée pas pour soi tout seul, ou pour son entourage. En s’adressant à un noyau d’initiés seul capable d’apprécier, on va au devant de graves difficultés dans la vie ; à moins d’avoir une fortune personnelle, ou d’accepter d’exercer un autre métier qui permettra de vivre…autre chose que la vie de musicien.

Jouer ce que l’on aime en sentant que cela ne passe pas est frustrant. Ne pas aimer ce que l’on joue pour les autres est malsain. L’idéal est de parvenir à se faire plaisir, tout en plaisant au public. Etre en accord avec soi-même et avec le public, C’est cela qui est difficile

 

                                                                                         Propos recueillis par Dany Carat © 1988

 

 

Claude Bolling m’a remis ensuite « Pour info ! » un extrait d’une interview de Miles Davis par « Guitare et Clavier » dont j’ignore la date, que je reproduis pour vous ci-dessous :

 

« Miles Davis et le jazz

C’est en France qu’on, m’a dit pour la première fois que j’en jouais. J’étais dans le même sac que Thelonius Monk, Dizzy Gillespie, Coleman Hawkins, Charlie Parker et nous n’avions pas l’impression de jouer du jazz. Bird était une superstar qui oeuvrait dans trois ou quatre styles différents, mais on appelait ça du blues, pas du jazz.

Ca ne ressemblait pas à Count Basie ou Louis Armstrong…

…On ne m’accordait pas le droit d’être « be bop » parce que je ne sonnais pas comme Dizzy. On m’a dit « cool », puis quand je jouais vite avec Herbie Hancock et Tony Williams, ils disaient que c’était « Protest » « Bitche Brew » ils l’ont baptisé « Jazz Rock ». Allons-y ! Même Dizzy n’était pas censé jouer du jazz. Ce n’était pas la musique de Louis Armstrong, de Sidney Bechet et de Johnny Hodges. Bird ne jouait que du blues et des accords étranges. Le jazz est mort avec Armstrong. Je n’en ai pas entendu depuis. »

 

 

*~*~*~
                           

 

 Marc Fosset All Stars - Guitariste, auteur, compositeur, interprète.

 

Dans un cadre luxueux, pour une somme modique, le Jazz Club Lionel Hampton reçoit une pléiade de musiciens internationaux à prédominance américaine et française (Lionel Hampton, Dizzy Gillespie, Cab Calloway, Maxim Saury, François Rilhac… Marc Fosset All Stars y a tenu l’affiche 12 jours durant avec succès.

L’accompagnateur des 80 ans de Stéphane Grappelli chante. Le saviez-vous ? Le duo Fosset-Guérault avait donné un délicieux avant-goût de la chose. Aujourd’hui, Marc Fosset apporte un souffle nouveau au jazz par ce spectacle chaleureux et riche en surprises.

Marc Fosset nous chante des standards en français. Les paroles sont traduites, ou d’inspiration, ou d’Aznavour… Innovation également avec l’apport enrichissant du grand virtuose international Marcel Azzola à l’accordéon : D’une rare beauté !

Les pauses sont animées au Méridien par Christian Donnadieu, pianiste et humoriste génial, parfois remplacé par Philippe Baudoin qui par ma plume vous présente les All Stars qui manquent à l’appel : « L’irremplaçable Charles Saudrais à la batterie … A la contrebasse, sa vélocité est telle qu’elle donne le vertige … c’est Patrice Caratini…Au vibraphone la fougue et le brio de Claude Guilhot… Au piano, toute la chaleur du midi irradie un talent fou … c’est Georges Arvanitas. »

En vérité, en vérité je vous le dis, Marc Fosset All Stars est vraiment un beau spectacle qu’il ne faut surtout pas manquer.

                                                                                                                        
© Dany Carat - 1989

 

L’Orchestre de Contrebasses

C’était à Ivry au mois d’avril, une salle comme les autres, pour un spectacle différent. Courez-y… Emmenez les enfants, pépé, mémé, cousins cousines. Unanimes et heureux, ils vous remercieront longtemps pour ce grand voyage.

Ca s’appelle « L’ Orchestre de Contrebasses » sans prétention, tout le monde comprend. Une contrebasse, c’est noble. Trois, pourquoi pas ? Six, c’est un mets royal.

Alors vous découvrirez que le grand coquillage de la vie est une contrebasse. Dedans, y chante le vent… Dedans, c’est la mer, les mouettes, les cornes de brume. Les vagues du spectacle vous emportent vers la magie du son. Offrande sur un plateau de contrebasses, de tous les violons, de tous les banjos de l’Ouest américain. Offrande sur archets d’une mission impossible : Le sablier au long cours distille un temps précieux. Ca sent l’iode. Tiens ! L’autoroute… ?..Non… ! Si, si et l’on en redemande car elle mène aussi sous les ponts de Paris. Allons-y en moto, mais attention de ne pas caler quand le feu passe au vert.

Une ligne de contrebasses qui fait le tour du monde. « C’est le plus bath » des spectacles. Et puis, si vous désirez voyager plus loin encore, y’a qu’une chose à faire, c’est d’aller les voir tous.

« A les contrebasses » : Christian Gentet (Le papa), Bob Drewry, Renaud Garcia-Fons, Nicolas Porchy, Yves Torchinsky, Jean-Philippe Viret.                                                                                             

                                                                                                            
© Dany Carat - 1988

Le Festival de Jazz Valley

A sweet valley festival et une mosaïque de concerts d’automne. Que de voyages en Isle de France ! Je vous invite séance tenante à ma projection de diapos…

Les Caraïbes avec DJOA : « Charmés  par les résonances africaines de ce prénom, nous l’avons adopté » confie Claude Sommier pianiste et compositeur imprégné de toute la force, de tous les mystères des tropiques. Des mélodies attachantes pour un jazz fusion qui va au fond du cœur de l’homme.

A « Francontown », un événement réservé à Jazz Valley dans un spectacle arc-en-ciel de Didier Lockwood : « C’est la première fois que je joue Turning Point sur scène. C’est un morceau clé, phare de ma carrière. J’en ai fait un clip ». Et puis, pour et par Cecarelli, un solo royal, émouvant retour aux origines.

Et hop, destination Mars avec le Chéri Big Band. Why ? Ils osent « Etre un groupe dont la cohésion est avant tout humaine » ; ça c’est face, à la MJC de Pontoise. Pour pile, leur musique polychrome est truffée de jazz, de rock, de tintements grand orchestre ou intimistes. Amateurs certes, mais merci … aux martiens.

Plus tard, toujours à Pontoise, retour aux grands espaces terriens avec le Philippe Coignet Quartet. Superbe musique. Avec Jean-Marie Lagache (dr) galopent les chevaux de Mongolie. François Dubricon (saxs, fl) nous charme par des sons irréels et purs. Quant à Claude Mouton (Cb) très félin, il est épatant de maîtrise, de sincérité, de profondeur d’âme.

« Villiers The Beautiful » nous offre Lee Konitz Cordes et Lames avec des cordes tendues par Dominique Cravic jusqu’à la sereine perfection. Lee souffle enchanteur scatte avec fraîcheur et simplicité. Francis Varis fait danser les elfes le soir, tandis qu’Hélène Labarrière, féerique jusqu’au fond du bois de sa contrebasse, façonne et veille. Jean-Claude Jouy est le pouls précieux de ces cinq sorciers pour une grande fête païenne. Ensorcelée je rate le convoi TSF & Daniel Huck – J’en pleure encore – Qui passe à l’instant à l’Eden de Montmorency où la salle comble chante, survoltée de joie. Néanmoins, je me réchauffe plus tard avec le Skyway Jazz Band qui m’entraîne chez Bill Bailey, dans le Dixieland à Sannois. Ce chemin du ciel swingue sacrément bien. Arrive alors Marcel Zanini avec son p’tit chapeau, sa claribole et son saxo. Inutile de dire qu’il joue de tout merveilleusement sauf du chapeau qui reste sagement posé sur sa tête. Avec une rythmique « Arva-Chebel-Denis » au mieux de sa forme, Marcel Zanini nous fait partager ses passions avec humour. Quelle générosité ! Chapeau… Monsieur Zanini.

Un de ces monuments sur lesquels les amoureux de jazz ont beaucoup écrit, s’est posé Salle de la Croix-Blanche à Saint-Leu. C’est Monsieur Benny Waters avec ses binious, en osmose avec la remarquable chanteuse de gospel et de jazz Polya Jordan qui nous convie à une première : L’interprétation féminine du grand classique « Old Man River ». Benny Waters joue aussi avec les mots puisqu’il a écrit son autobiographie comment devenir musicien de jazz « The key to a jazzy life »…

Novembre et décembre 1988 © Dany Carat

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